Les sociopathies canines dans les groupes homme - chien

Mathias DUBREUIL / Maï GLEVAREC

1997 - 1998

Maîtrise Biologie des populations et des écosystèmes
Travail d'étude et de recherche
[illustration memoire Maîtrise]

Témoignage sur Les sociopathies canines dans les groupes homme - chien

Suite à la publication sur internet du mémoire de maîtrise Les sociopathies canines dans les groupes homme - chien, j'ai reçu ce témoignage fort instructif.

Le premier janvier 2008

A la recherche de renseignements quant à l'attitude à adopter face à ma chienne boxer de 9 mois (stérilisée) qui s'est mise à agresser mon boxer mâle de 14 mois du jour au lendemain (alors que jusque là ils étaient les meilleurs amis du monde), j'ai découvert votre page sur la sociopathie du chien.

En effet, il y a eu une première agression le 14 novembre dernier (un morceau de peau avait été arrachée de son oreille par le mâle qui s'est défendu) et puis il n'y a plus rien eu, du moins, nous n'avons plus rien constaté. Lorsque, subitement, ils se sont battus pendant 20 minutes dans le jardin le vendredi précédent noël. Le mâle a gagné, elle était toute courbaturée mais il n'y avait pas de blessure sanguinolante. Le lendemain matin, elle a de nouveau agressé le mâle. Nous les avons séparés et isolés pendant une demie heure. Ensuite, ils ont fait la trève de noël : pas d'agression le dimanche, lundi et mardi. Le mercredi, par contre, ils ont remis ça et ce fut assez violent (c'est de nouveau la chienne qui a agressé) car il a fallu aller faire recoudre l'oreille de la chienne dont un morceau pandouillait. Et le jeudi soir, rebelote, la chienne a de nouveau agressé le mâle et ça s'est terminé par l'obligation couper les oreilles de la chienne car une des deux oreilles était dans un tel état qu'il n'y avait plus rien à faire. J'ai maintenant un boxer "à l'ancienne" que je ne désirais pas (parce que je la trouvais toute mignonne avec ses oreilles) au moment où plein de gens rêvent d'avoir un boxer à oreilles coupées.

A partir de ce moment là, les deux boxers ne pouvaient plus se voir sans s'agresser mutuellement (j'ai aussi un cocker dominant, mais là, il a compris qu'il n'avait pas à intervenir dans la bagarre). On les a isolés et comme nous avons dû quitter la maison le vendredi et le samedi, nous sommes partis avec le boxer mâle, laissant la femelle seule avec le cocker.

Il faut dire que le cocker est le plus âgé, la femelle était arrivée dans notre famille quatre mois avant le mâle, et le mâle est un chien que nous avons recueilli dans un mauvais état (sous alimenté, il était maigre comme un anorexique; personne ne s'en occupait, bref les gens qui l'avaient acheté, avaient clairement acheté un jouet pour leur enfant et arrivé à l'âge de neuf mois, le jouet avait fini de plaire !).

Quoi qu'il en soit, vendredi passé nous étions tout à fait découragés car nous n'arrivions pas à comprendre pourquoi il y avait ces problèmes et nous en étions à envisager de devoir nous débarrasser d'un des deux boxers, dans ce cas-ci le dernier arrivé, bien que ce n'était pas lui qui ouvrait les hostilités.

Malheureux comme les pierres, nous avons réfléchi dans tous les sens et fait des recherches sur Internet. C'est alors que j'ai découvert que la "puberté/adolescence" d'un chien était un moment critique et qu'il arrivait qu'à ce moment là certains chiens tentaient de renverser la hiérarchie. C'était clairemet le cas, notre femelle ayant 9 mois et notre mâle étant beaucoup plus fort qu'elle ne l'empêchaient pas de continuer à l'agresser.[...]

Jeudi, vendredi et samedi, les chiens ne pouvaient plus se voir. On devait donc systématiquement les séparer. Dimanche, nous sommes allés au dressage pour expliquer le problème. On est arrivés sur place avec les deux chiens muselés pour que s'ils se mettaient à s'agresser, au moins ils ne pourraient pas faire de dégâts. On a fait des exercices, même sans muselière et ça a été.

De retour à la maison, on les a réunis dans notre séjour avec leur muselière chacun et il n'a pas fallu cinq minutes avant qu'il y ait de nouveau confrontation. Mais grâce aux informations recueillies chez vous et sur un autre site expliquant comment sanctionner un mauvais comportement, les choses vont déjà nettement mieux.

Chaque fois que la chienne a agressé le mâle, nous l'avons punie en la secouant par la peau du cou et en l'isolant dans une pièce. Le mâle aussi était puni et isolé, mais moins longtemps.

La femelle dort maintenant tout en bas, sous l'escalier (avant les trois chiens dormaient dans leur panier mais dans notre chambre). Les mâles ont encore dormi, jusqu'à présent avec nous parce que n'ayant presque pas de portes, j'ai peur que, la nuit, les chiens se rencontrent et se bagarrent. La situation n'étant pas encore assez stabilisée. En outre, je me dis que de cette façon, la femelle comprendra peut-être mieux qu'elle doit se soumettre au mâle. Je pense, cependant, les faire dormir un étage plus bas dès cette nuit (ils ont un panier à chaque étage, la femelle étant tout en bas depuis cette nuit).

Nous avons fait des erreurs aussi dans la distribution de la nourriture. Mais lorsque le mâle est arrivé chez nous, j'avais demandé au vétérinaire s'il y avait un ordre dans lequel je devais leur donner à manger. Il m'a dit qu'en tant que chef de meute, c'était à moi de décider. Et là on a fait une grande erreur. J'ai donné à manger par ordre d'arrivée dans la famille, c'est-à-dire au cocker, puis à la femelle et puis au mâle. Or, dans une meute, la femelle doit manger en dernier. Un dresseur m'a expliqué que j'aurais dû donner à manger en même temps. Ceci dit, ils recevaient les gamelles au même moment, mais comme je n'ai que deux mains, il fallait bien déterminer un ordre.

Le fait est qu'ils recevaient aussi à manger avant ou après nous selon ce qui m'arrangeait. J'avais un peu omis l'importance de les faire manger après nous. Maintenant c'est systématiquement après et, tant que la femelle est encore dans un état d'hyperagressivité secondaire (ce que je sais grâce à vous) je lui donne à manger séparément dans une autre pièce. Ceci dit, le problème s'est présenté entre la femelle et le mâle et aucun des deux n'ont jamais contesté notre autorité. Mais bon, il est clair que nos signaux n'étaient probablement pas suffisamment clairs, d'autant plus que la femelle a été fort chouchoutée tant par moi que par mes enfants lorsqu'elle était plus petite. Mon mari n'est pas en cause sur ce coup là. Une erreur de plus.[...]

Le 14 janvier 2008

Depuis que je vous ai écrit, nous avons mis un certain nombre de choses en place et ça va relativement mieux.

Premièrement, tous le chiens ont déménagé de notre chambre. Nous dormons au deuxième étage, les chambres des enfants se trouvent au premier sous la nôtre et les mâles dorment au premier dans notre salon d'hiver(dans une pièce située à côté, dans une ancienne grange, bref c'est au même étage mais dans un autre bâtiment) et la femelle au rez-de-chaussée. Là, ça correspond exactement au schéma hiérarchique établi puisque plus on est loin dans la hiérarchie, plus on est éloigné du QG des chefs de meute que nous sommes censés être.

Deuxièmement, ils mangent systématiquement après nous. Nous avons remis la femelle avec les mâles mais... tous trois doivent rester dans leur panier tant que je ne leur ai pas donné l'ordre d'aller manger (ça me laisse le temps de déposer les gamelles à l'aise). Et ça marche !

Troisièmement, nous avons entamé le dressage à l'obéissance et une fois que tout sera bien acquis, nous ferons de l'agility. Sur place, en ayant écouté notre histoire et en ayant observé les chiens, le moniteur nous a expliqué que nos deux boxers se battaient pour être chef de meute et que comme leur différence d'âge était faible (9 mois - 15 mois) la concurrence était rude. Ca rejoint ce que vous disiez, nous n'étions pas assez "Chef" (mais ça a changé depuis !).

Quatrièmement, tous les jours, je fais faire des exercices (plus souvent à la femelle qu'aux autres, car c'est elle qui a un problème) d'obéissance : assis, couché, etc. en particulier "couché" car en lisant un autre document sur la délinquance du chien, j'ai constaté que ma femelle ne s'était jamais mise sur le dos pour se faire caresser et ce, depuis qu'on l'a eue, ce qui veut dire que la position de soumission ne lui était pas familière. Or, ce genre de chose pose problème en cas de conflit avec un autre chien. A force de lui faire faire cet exercice, ça va mieux et lors de la dernière bagarre en date (hier), le mâle ne l'a lâchée que lorsqu'elle a adopté la position de soumission et qu'elle a arrêté de se débattre. C'est une bonne nouvelle car cela diminue les dégâts que peuvent occasionner un combat, de même que ça en diminue la durée.

Cinquièmement, après trois jours de séparation, nous les avons remis ensemble et comme j'ai constaté que dehors, ils s'entendent à merveille, je les mets ensemble dehors pendant deux heures le matin afin qu'ils puissent jouer et se défouler. Ensuite, je les fais rentrer et ils sont tellement crevés qu'ils dorment. Même chose l'après-midi. Il paraît que le fait de jouer ensemble, diminue aussi leur agressivité...

Sixièmement, lorsque nous sommes au premier étage, dans le salon d'hiver (où ma femelle agresse plus qu'ailleurs) où dorment les mâles, nous avons désigné une place pour chaque chien. Plus question de faire la chaise musicale avec les paniers. Les deux mâles ont leur place et la femelle a la sienne, un peu à l'écart et elle ne peut pas aller dans un autre panier que le sien. Nous sommes intraitables à ce sujet !

Et enfin, septièmement, lorsqu'ils se battent dans la maison, nous n'intervenons plus (car, apparemment, à force de les séparer, ils n'arriveront pas à régler leur conflit), nous quittons la pièce quelque temps et puis nous entrons en disant "Et alors" et, comme par miracle, ils arrêtent de se battre par eux-mêmes. Je crois que ça les saisit. Ca aussi, c'est un grand progrès parce qu'avant on pouvait chanter "Malbrouck", ils ne s'arrêtaient pas pour autant.

Nous sommes le 14 janvier, or les problèmes ont commencé le 22 décembre dernier. Je suis donc déjà très satisfaite des résultats obtenus car il ne faut pas omettre que le 27 décembre, la situation était telle que nous pensions avec grande tristesse de devoir nous séparer d'un de nos chiens.

Maintenant, ils vivent tous ensemble, ils mangent en même temps dans la même pièce, jouent ensemble dehors, se supportent dans la maison même si, de temps à autre, la femelle se remet à défier le mâle en le regardant droit dans les yeux, ce qui ne manque pas de dégénérer en bagarre. Néanmoins, les dernières bagarres sont moins dramatiques (quasiment plus de blessures ouvertes) et moins longues. Ils n'ont plus de muselière non plus.

Je me dis que ayant trop chouchouté ma femelle pendant sept mois et ayant fait des erreurs stratégiques (distribution de nourriture) pendant trois mois pour en arriver là, il faudra donc compter au moins trois mois pour que tout redevienne comme avant et que tout le monde sache où se trouve sa place. En outre, d'ici là, la femelle arrivera à l'âge adulte ce qui, je l'espère, stabilisera son humeur.

Enfin, tout espoir est permis puisqu'il s'agit d'un mâle (par chance très équilibré et pas du tout rancunier) et d'une femelle et que ce n'est pas "classique" que deux sexes opposés se battent et qu'en plus, entre deux bagarres, ils jouent et s'entendent bien.

En même temps, je dois quand même vous avouer que si on y arrive, nos chiens nous devrons une fière chandelle, car je ne sais pas si beaucoup de gens auraient eu la patience de supporter tout ça, de même si beaucoup de gens auraient fait l'effort de chercher à comprendre les raisons qui font que nous en soyons arrivés là. Ceci dit, aucun de nos chiens n'ont montré aucune agressivité quelconque vis-à-vis de nous et c'est une chance. Je pense même que le fait d'avoir adopté le mâle il y a trois mois nous a probablement évité des situations qui auraient pu être plus dramatiques, car la femelle a focalisé son agressivité sur le mâle. Sans lui, elle aurait pu focaliser son agressivité sur un de nos enfants, puisque c'est la hiérarchie qu'elle conteste.

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Dernière modification : 14 Janvier 2008
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